Map Maker, le service de cartographie collaborative de Google, va fermer après 4 ans de bons et loyaux services.
J’avais fait un test de prise en main lors de son lancement, il est donc maintenant l’heure du bilan.
Un projet qui a fait son temps
Première constatation : cet outil a été utile à Google.
En effet, il n’est pas resté en bêta comme beaucoup des services expérimentaux d’Alphabet : il a été amélioré au cours du temps avec de nouvelles fonctionnalités et on peut globalement dire que l’interface fait référence pour tout cartographe débutant.
L’outil a été déployé au fur et à mesure dans le Monde et est maintenant disponible dans 50 pays. De plus, le service est resté ouvert 4 ans, ce qui est honorable à l’échelle du temps Internet.
Qu’a donc poussé Google a vouloir fermer ce service qui a pourtant permis des millions d’améliorations de son omniprésent Google Maps ?
J’ai lu dans la presse plusieurs raisons à cette décision. La plus populaire voudrait que, suite aux vandalismes à répétition qui avaient poussé à la fermeture totale bien que temporaire du service, la modération soit devenue trop lourde à gérer.
Il y a tout lieu de penser que ce n’est pas la raison principale. En effet, la mise à jour de Google Maps revêt une importance stratégique et je n’ai pas de doute que Google mette le paquet de ce côté-là.
Il faut donc chercher une autre raison.
Le futur : Google Local Guides
Map Maker avait besoin d’une refonte ; elle s’appelle Local Guides.
Lancé courant 2015, Google Local Guides vise tout autant à collecter des informations liées aux commerces de proximité qu’aux attractions touristiques.
Lors du lancement, ce programme avait d’ailleurs été comparé au programme Yelp Elite ou encore tout simplement à TripAdvisor.
Il existe 5 manière de contribuer pour améliorer la carte : rédiger un avis, ajouter une photo, ajouter un nouveau lieu, corriger des informations ou bien répondre à une question précise. Cette dernière possibilité est innovante car elle permet de se passer d’un formulaire classique pour une interaction plus naturelle.
La mobilisation de la communauté est basée sur de la gamification à l’ancienne : les « guides locaux » gagnent des badges (Youhooo !) au fur et à mesure de leurs contributions, mais peuvent également rencontrer d’autres « guides locaux », obtenir plus de capacité de stockage sur leur Google Drive, ou encore devenir bêta-testeur de produits Google.
Une nouvelle génération d’outils
Suite à l’annonce de la fermeture de Map Maker, la suite logique sera sûrement son remplacement par Local Guides dans Gmaps, dans les versions desktop et mobile.
Voici une rapide comparaison de ces deux services : Ce tableau compare l’ancienne approche de Google avec celle qui se met actuellement en place.
Force est de constater que la contribution est plus simple, naturelle et plus directe, plus SoLoMo (social-local-mobile) si vous me permettez d’employer un buzz-word un peu désuet.
Conséquences pour OpenStreetMap
Voici les conclusions que j’en tire pour OpenStreetMap : nous avons besoin de créer de nouvelles Interfaces homme-machine plus simples, optimisées pour les mobiles, et de construire des connexions avec des plateformes qui gèrent des données subjectives.
Construisons de nouveaux outils
Tout d’abord, et c’est peut-être douloureux à entendre, certains de nos outils ont fait leur temps. JOSM, iD, Vespuchi… nous ont été très utiles mais ne sont pas adaptés pour faire émerger une nouvelle génération de mappeurs.
Que l’on se comprenne bien : j’utilise et continuerai d’utiliser ces outils, indispensables pour faire du boulot de qualité. Néanmoins ils ont été pensés pour Nous Les Geeks.
En conséquence, ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont de nouveaux outils qui cachent la complexité de la carte en les remplaçant par des formulaires, des questions naturelles ou d’autres interfaces plus proches des utilisateurs.
Si l’on ajoute à cela le besoin de nouveaux outils optimisés pour le mobile, le projet OSM me parait disposer d’une force incroyable. En effet, la décentralisation inhérente à OSM favorise de petites initiatives spécialisées.
Nous devrions donc nous atteler à développer plus d’applications mobiles spécialisées disposant d’interfaces simples.
Ces idées ne sont pas nouvelles : d’autres que moi en ont déjà parlé et d’autres encore sont déjà passés à l’action. Je pense notamment à Kort Game qui est un projet universitaire plutôt bien pensé et qui aurait le mérite d’être poussé plus loin.
Quant à moi, cela fait plusieurs années que cette idée me trotte dans la tête et -teaser- je travaille actuellement sur le sujet 😉
Construisons de nouveaux ponts
Par ailleurs, un des leitmotiv d’OpenStreetMap a toujours été de ne créer que des données objectives. C’est une grande force du projet de rester concentré là-dessus.
Je ne pense pas et ne souhaite pas que cela change, mais il me parait important de créer des ponts avec des projets carto qui collectent des données subjectives car c’est ce qu’attendent les utilisateurs de nos jours.
Je pense plus précisément à tous les applis qui permettent de noter les lieux, les services… qui nous entourent.
TripAdvisor pour le tourisme, Lafourchette pour les restaurants, Jaccède pour l’accessibilité, Hurikat pour les filles d’attente etc… le Monde regorge de plateformes de notation basées sur des informations géographiques.
La question que doit se poser la communauté aujourd’hui est : comment faciliter de telles connexions ? Je parle bien de véritables connexions de bases de données et non pas uniquement d’affichage de données sur un fond de carte OSM.
Et dans le cas où une telle connexion serait impossible -notamment pour des raisons de licence-, construisons nous-même des alternatives à ces services.
Et vous, comment pensez-vous que nos outils de contribution carto vont évoluer ?